Décryptage
Pourquoi les sociétés de services doivent-elles débloquer le déploiement de leurs talents dès maintenant ?
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Le marché en parle de plus en plus, les entreprises s’y intéressent peu à peu, les collaborateurs le considèrent comme le messie : le déploiement des talents. Une notion qui peut sembler évidente, simple à appréhender, mais qui se veut bien plus complexe qu’elle en a l’air. On a beaucoup évoqué la performance le mois dernier. Ou plutôt, comment l’atteindre en alignant ses enjeux business aux aspirations de ses collaborateurs. Et c’est justement là tout le cœur du sujet du déploiement des talents : remettre l’humain au centre pour faire des ponts naturels entre les deux parties prenantes. Sauf que déclencher ce cercle vertueux implique la mise en place d’une véritable stratégie en interne. Faisons le point !
Qu’est-ce que le déploiement des talents ?
Cette notion consiste à identifier et affecter les compétences sur des projets adaptés, ainsi que maximiser leur utilisation pour mieux répondre aux besoins clients et favoriser la croissance de l’entreprise. Car il ne faut pas oublier que sous les chiffres, c’est le collaborateur qui tient les rênes de l’activité. C’est lui qui réalise des missions et qui apporte, in fine, des revenus à la société. C’est sur ses compétences actuelles et futures qu’il faut capitaliser.
En alignant ses aptitudes, disponibilités, intérêts aux besoins de la société, le déploiement des talents tend à maximiser l’efficacité des équipes, optimiser l’usage des ressources et réduire les coûts. Le déploiement des talents est une pratique essentielle. On ne parle pas de seulement écouter son collaborateur et de lui proposer des opportunités plus en phase avec ses aspirations. Il s’agit ici d’une véritable stratégie qui doit être menée de front et être au cœur des processus en interne.
Outre la bonne gestion de la compétence, la société peut également proposer des programmes de formation, de mentorat pour permettre au talent de développer toujours plus son expertise métier. Déployer ses talents, c’est ainsi leur permettre de renforcer leur engagement pour l’entreprise. C’est leur donner l’opportunité de développer de nouvelles compétences, d’agir sur des missions qui ont du sens pour eux, et donc de progresser dans leur carrière. En améliorant cet épanouissement professionnel, le sentiment d’appartenance augmentera tout autant.
Des fondements stratégiques
Le déploiement des talents serait alors un moyen efficace et pérenne pour agir sur l’engagement du collaborateur et les résultats de la société de services. Ce principe s’appuie sur des visions stratégiques :
- Tirer parti de ce « New Normal » : travail flexible, réalisations de missions à distance et pools de ressources alternatifs. L’idée est d’élargir les possibilités de recrutements à travers les frontières et les structures.
- Passer d’une logique de recrutement statique et basée sur l’emploi à une approche fluide et agile basée sur les compétences.
- Considérer les aspirations des collaborateurs pour leur offrir des missions plus adaptées et des montées en compétences concrètes.
- Favoriser la collaboration entre les métiers grâce à une meilleure visibilité des talents, une transparence des processus, ainsi qu’une harmonisation des règles de fonctionnement et de transversalité.
L’objectif est ainsi de combler le fossé entre les besoins réels de la société, le recrutement, l’apprentissage et la prestation. Le déploiement des talents va dans ce sens. Il tend à exploiter tout le potentiel d’un écosystème de talents, dans toutes les unités opérationnelles, dans tous les pays. Il permet aussi de s’appuyer sur la richesse des profils et de leurs expériences plurielles, qu’ils soient employés, indépendants ou sous-traitants. Le bon talent pour le bon client, à n’importe quel moment. Le déploiement des talents s’inscrit dans ce mantra.
La réalité actuelle et future des sociétés de services
Pour bien saisir la force d’une stratégie de déploiement des talents, il est essentiel de revenir sur la réalité dans laquelle s’inscrivent les sociétés de services.
2023 ou l’ère du défi
Il faut savoir que les entreprises de prestations intellectuelles ont pour première mission, celle de fournir des compétences à leurs clients. Et dans un marché concurrentiel et souffrant de rareté voire de pénurie de compétences, capter et offrir des expertises ciblées devient de plus en plus difficile. Sauf que pour être croissantes et rentables, ces mêmes entreprises doivent exceller dans cette gestion de la compétence, et donc de leurs talents.
Le déploiement des talents serait alors le moteur du business des sociétés de services, son levier principal pour améliorer sa performance. En d’autres termes, s’il n’est pas pleinement exploité, les entreprises sont condamnées à laisser certaines activités de côté. Soit une occasion ratée de maximiser leurs revenus et leurs marges.
Démonstration par l’exemple
Rien de mieux qu’une mise en situation pour comprendre les enjeux.
Chaque fois qu’un consultant change d’affectation, il faut en moyenne 1,5 semaine pour le redéployer sur une nouvelle mission. Un temps qui est nécessaire en raison des processus internes, de la disponibilité des données, de la visibilité en temps réel sur les données ou encore du manque d’anticipation
Considérons que la moitié des talents changent d’affectation au moins une fois par an. Cela signifie que les sociétés paient 1,5 x nombre de talents. On obtient ainsi le nombre de semaines nécessitant des salaires, et ce sans générer de revenus correspondants.
Résultat ? Les coûts sont stables, les revenus diminuent et les marges se réduisent. Les décideurs rencontrent alors une grande pression, et plus encore en présence d’actionnaires et d’investisseurs.
Cette situation très concrète n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Elle permet de décrire la réalité dans laquelle une grande majorité de sociétés de services sont coincées. Elles ne sont pas en mesure de s’attaquer à un problème critique : les données opérationnelles sont dispersées dans des systèmes cloisonnés (ERP pour les finances, CRM pour les ventes, HRM pour les compétences, etc.), des feuilles de calcul ou des outils maison. Ce faisant, il devient presque impossible pour la majorité d’entre elles d’orchestrer et d’optimiser le déploiement des talents, tant au niveau local que mondial.
La réalité à laquelle les sociétés de services pourraient appartenir
De nombreuses sociétés de services ont rencontré des difficultés pour sortir de cette réalité. Pourtant, une poignée d’entre elles sont le fer de lance de la transformation du secteur : en tirant parti de la datafication et de la numérisation, elles parviennent à stimuler la croissance et la rentabilité.
Une récente étude d’Accenture démontre que l’activation du pouvoir des données, de la technologie et des personnes stimule la rentabilité et les revenus. Investir dans la data et la technologie apporte à lui seul une prime de productivité de 4 %. Mais c’est en combinant cet aspect avec l’humain que la magie opère véritablement : la prime de productivité s’élève alors à 11 % ! Et quand on sait que seulement 5 % des sociétés se donnent les moyens de libérer ce potentiel, cela leur donne un avantage indéniable sur leurs concurrents.
L’étude d’Accenture n’est pas isolée. De nombreux autres organismes ont mis en évidence le même constat : devenir une entreprise croissante et plus rentable passe par une première étape cruciale étant la datafication du cœur de métier. Et ce n’est qu’une première brique d’un parcours qui doit conduire les sociétés de services à intensifier le déploiement de leurs talents.
La technologie comme catalyseur du déploiement des talents
Si les organisations commencent à intégrer l’importance de déployer leurs talents, encore faut-il avoir les bons outils pour y parvenir. Mettre en place une telle stratégie implique d’avoir une vue claire et précise sur l’ensemble des compétences de son écosystème de talents, de leurs disponibilités, mais aussi des missions en cours et à venir. L’usage de la technologie demeure aujourd’hui la meilleure réponse à ce désir de clairvoyance.
Le dernier institut de recherche Capgemini a révélé que 55% des cadres prévoient de maintenir leurs niveaux d’investissement dans les talents et les compétences. Pour monter en compétences, en acquérir de nouvelles voire se reconvertir, les collaborateurs pourront s’appuyer sur la technologie pour s’adapter en douceur à la transformation de l’entreprise. Lorsque les organisations investissent dans les individus, elles investissent dans la réussite de l’entreprise.
Pour atteindre cette ambition de transformation, et donc bâtir une stratégie de déploiement efficace, les sociétés de services ont à leur disposition plusieurs solutions. Mais ça, on vous le garde pour notre prochain article !