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Tendances ESN 2021 : entre résilience et besoin de digitalisation
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Vague d’acquisitions pour les leaders du marché
Accenture, IBM, Capgemini ou encore Atos… Le chiffre d’affaires cumulé du top 10 des ESN EMEA sur les 4 trimestres 2020 est estimé à 67,7 milliards d’euros, soit 2 milliards de moins que la période équivalente de l’année précédente, selon les estimations de la société d’études de marché et de conseil PAC :
“Plusieurs acquisitions faites par des leaders de ce classement ont aidé à compenser une partie des décroissances organiques subies avec la crise, notamment dans le domaine du conseil et de l’intégration des applications”, affirme Eugen Schwab-Chesaru, VP Recherche et Analyse au sein du groupe PAC.
Certaines acquisitions se sont cependant révélées plus fructueuses que d’autres. C’est le cas de l’acquisition d’Altran par Capgemini qui a contribué pour 9 mois au chiffre d’affaires au 31 décembre 2020. À l’inverse, les petites acquisitions de niche de l’entreprise Atos n’ont pas réussi à pallier toutes les difficultés induites par la baisse des budgets, et notamment en ce qui concerne les projets applicatifs.
Dynamique d’écosystème et de partenariats pour les ESN
Si les stratégies d’acquisition restent le privilège des leaders du marché, les TPE et PME ne sont pas en reste. Selon une étude de Syntec Numérique, la crise a eu un effet accélérateur ou déclencheur sur la politique de partenariats pour 53% des ESN interrogées. Les activités suivantes permettent aujourd’hui encore de pallier les difficultés rencontrées : la mise en place de partenariats (pour 33% des répondants) et le recours à des sous-traitants (32%).
Cette dynamique d’écosystème n’est guère surprenante sur un marché, et dans un contexte de crise à fortiori, qui nécessitent pour ces entreprises de trouver rapidement les bonnes compétences, au bon endroit, au bon moment. Si cette nécessité est exacerbée par la crise, ce n’est cependant pas un défi conjoncturel. Avec un rythme exponentiel de l’innovation, on assiste à une obsolescence ainsi qu’à une diversification des compétences de plus en plus rapides. « Le secteur des services informatiques est en pleine mutation et le mouvement est appelé à s’accélérer », rappelait déjà en 2018 Alexandre Ménard, Directeur Associé de McKinsey & Company, dans une interview pour Apax sur les tendances qui transforment les ESN.
Entre des compétences et des besoins client qui sont en constante évolution, comment s’y retrouver ? Comment les ESN peuvent-elles tirer leur épingle du jeu ? Un marché qui évolue vite et en continu nécessite une gestion des compétences et des besoins en temps réel. Plus précisément, les ESN ont besoin de cartographier en temps réel l’offre et la demande de compétences, et d’analyser cette information pour prendre des décisions rapides sur la base de données fiables.
Certains acteurs de la filière ont déjà franchi le pas. Alexandre Lecomte, DG de Econocom Ingénierie indique dans un article pour ITNumeric : “Dans un secteur en constante évolution technologique, nous avions besoin de prendre le pouls de nos forces vives et de la demande client en temps réel. Pour répondre à ces enjeux, nous avons choisi Whoz”. Même son de cloche du côté de Eric Cohen, PDG de Keyrus qui affirme dans une interview donnée pour iLogiciels & Services : “Il nous manquait la partie opérationnelle qui est le nerf de la guerre pour une ESN, c’est le suivi de la performance ou plus précisément le staffing. La crise de la Covid a surtout impacté les taux d’occupation, c’est-à-dire directement des points de marge. Le nerf de la guerre, c’est le staffing qui permet de gagner des points de marge. Digitaliser le staffing est très important, au lieu de s’envoyer des tableaux Excel.”
Digitalisation du staffing : encore des progrès à faire
Le marché des ESN est toutefois hétérogène en matière de digitalisation et de dataification des processus de staffing (ou resource management). La crise a révélé la faible maturité de certaines ESN sur ce sujet. En 2020, Whoz a organisé plusieurs moments d’échanges exclusifs entre dirigeants d’ESN* afin de partager les défis auxquels ils font actuellement face et les pistes de solution qu’ils peuvent envisager. Réunissant au total plus de 100 participants, ces échanges ont mis en exergue deux difficultés principales rencontrées par les ESN. Premièrement, une difficulté à collaborer efficacement entre entités et partenaires, par manque d’une vision partagée et actualisée en temps réel des informations clés de l’activité (compétences, disponibilité des consultants mais aussi besoins client). Enfin, une difficulté à trouver rapidement les bonnes compétences en interne, et parmi son réseau de partenaires et de freelances.
Dataifier son coeur de métier pour gagner en compétitivité
Ce constat ne doit cependant pas contrarier les plans de développement des dirigeants d’entreprise. Au contraire, ils doivent y voir une opportunité de digitaliser le cœur de leur activité pour gagner en résilience et en compétitivité.
Dans un article récent, Nicolas Colin, essayiste, entrepreneur et fondateur de The Family, fait un parallèle brillant entre le baseball et le monde du conseil, mais qui est tout aussi applicable au monde des services IT : “Le secteur du conseil est à l’aube d’une révolution comparable à celle de la sabermétrie dans le baseball, connue sous le nom de Moneyball. C’est une approche data qui permet de maximiser les chances de remporter un match par l’analyse statistique des contributions de chaque joueur.”
Appliquée aux services IT, une centralisation et une gestion en temps réel des données permettrait :
- d’analyser la contribution de chaque consultant (compétences valorisées, séniorité, expériences, historique relation client…);
- d’évaluer rapidement leur disponibilité;
- d’identifier facilement leurs appétences, leurs souhaits d’évolution (montée en compétences, envie de mobilité…);
- d’évaluer par ailleurs les besoins client en matière de compétences;
- d’analyser également l’évolution des indicateurs de performance tels que le taux d’activité, la marge, le CA…
La dataification du staffing est une étape incontournable dans un contexte de forte demande en projets de transformation. Selon la dernière enquête “CIO Survey” réalisée par Morgan Stanley, les directeurs de systèmes d’information des grandes entreprises envisagent d’augmenter de 3,9% le budget consacré aux prestations IT en 2021. Morgan Stanley y voit un signal très positif pour les entreprises de services du numérique. Si les ESN se donnent les moyens de répondre plus efficacement aux besoins client, elles ont en effet de beaux jours devant elles.
Pour aller plus loin
Découvrez nos articles :
- “Le conseil à l’aube d’une révolution : 5 idées clés à retenir”
- “Les 3 grands défis de staffing pour 2021”
Bon à savoir
* Face à l’engouement pour les rendez-vous entre dirigeants de sociétés de conseil et de services, Whoz lance en 2021 de nouvelles tables rondes sur l’optimisation et la digitalisation du staffing. Pour en savoir plus : contact@whoz.com